Nos économies occidentales à la merci d’un incendie ou d’un bateau


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Publié par Thibaut Malcourant le 7 avril 2021

Depuis des mois, l’économie mondiale est affectée par la pandémie à la Covid-19. Mais, encore plus récemment, on a eu des exemples anodins qui montrent la fragilité de nos économies sur lesquelles reposent nos sociétés dites modernes.

Quand la pandémie du Sars-COV-2 a débuté en 2020, elle a mis à l’arrêt des milliers d’usines dans le monde et perturbé l’approvisionnement de pièces détachées, de matériaux et de centaines de biens différents. Différents états ont également mis en place des confinements et restrictions qui ont eux-aussi créé un désordre dans nos sociétés en fermant les cinémas, restaurants, musées, ou tout un tas d’autres éléments « non essentiels » ou de loisir.

Nos économies ont alors plongé, montrant que la sacro-sainte croissance reposait finalement sur peu de chose.

Début mars 2021, un gigantesque incendie a ravagé le centre de données (ou data center DC) de OVH à Strasbourg. Instantanément, des milliers de serveurs ont été injoignables, brûlés dans l’incendie ou privés de courant électrique. Serveurs dédiés, sauvegardes ou machines du cloud fonctionnaient dans ce DC, avec des milliers et des milliers de sites web, données, applications, etc. de milliers d’entreprises mais aussi d’administrations.

Des milliers de machines cloud disparues

Chez Altervoice, nous avons été  fortement impactés puisque des services étaient hébergés à Strasbourg. Fort heureusement, notre CTO avait anticipé et pris en compte le plus improbable des scénarios comme la chute d’un avion ou une catastrophe sismique rendant inaccessible l’ensemble d’un DC. Cela a permis d’assurer une parfaite continuité de service et aucune perte de données, mais beaucoup d’inquiétude malgré tout.

Aussi, les services de nos clients n’ont pas été impactés, les procédures de reprise d’activité (PRA) se sont parfaitement déroulées.

Toutefois, tout le monde n’a pas été aussi imaginatif et il y a eu des données définitivement perdues, ou des sites qui ont été injoignables durant plusieurs semaines. Ce fut le cas des sites de la ville de Vichy, du réseau STAN de la ville de Nancy qui ont été hors ligne environ 3 jours. Certaines données publiques en open data ont également été indisponibles plusieurs heures. Pire, les médiathèques de la Métropole de Rennes n’ont pas été visibles sur le net durant deux semaines.

Là encore, un « petit rien » a provoqué de nombreux dégâts dans des entreprises et déréglé des mécaniques économiques bien huilées. L’incendie a aussi fragilisé différents sites d’ENT (Espace numérique de travail) de plusieurs régions. En plein début du 3e confinement, l’école à la maison est fortement perturbée. Toujours cet incendie.

Tout dernièrement, un porte-conteneurs (l’Ever Given) a bloqué le canal de Suez en Egypte provocant un bouchon maritime et bloquant des centaines de bateaux de transport de marchandises. Ce nouvel incident, somme toute banal, a aussi provoqué certaines tensions sur des approvisionnements.  Heureusement, le bateau a pu rapidement être dégagé et le trafic a repris.

Ne jamais prendre pour acquis une situation établie

Ces différents exemples nous montrent qu’un incident peut avoir de grandes conséquences et gripper une mécanique pourtant bien rodée. Ce sont de bonnes illustrations de la théorie de l’effet papillon. Et même si ce ne furent pas de grands « black outs », leurs effets pour ceux qui ont été touchés sont énormes. Que ce soit des usines à des milliers de kilomètres, les voies de transport mondiales ou l’informatique, on en dépend fortement. L’informatique est présente par exemple dans tous les aspects de nos vies.

En utilisant des serveurs sur le Cloud, beaucoup pensent échapper aux contingences matérielles. Pourtant, bien que virtuelles, les machines du nuage doivent tourner sur des serveurs physiques, serveurs qui doivent fonctionner pour que tout ce monde « virtuel » soit disponible. Cette fragilité ne concerne pas que le Français OVH, mais bel et bien tous les acteurs du cloud comme Amazon AWS, Google Cloud ou bien encore Microsoft Azure. Une cyberattaque, une catastrophe naturelle majeure, un conflit géopolitique, une crise financière ou autre peut très bien toucher les plus grandes entreprises. Le maillon faible est l’excès de confiance dans un organisme externalisé, quel qu’il soit.

En pensant que les serveurs du cloud seront forcément toujours là, fonctionnels, on peut en oublier la prudence élémentaire qui veut que l’on sauvegarde les données essentielles sur des sites physiquement distincts de ceux des machines. On en oublie aussi de mettre en place une redondance des machines, là aussi sur des sites physiquement séparés.

Sans jouer les Cassandre, anticiper le pire, voire pire que le pire, est une nécessité absolue pour tout DSI et pour toute entreprise.

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