Publié par Thibaut Malcourant le 9 juillet 2025
Depuis quelques années, l’intelligence artificielle (IA ou AI) s’est immiscée dans notre quotidien de manière presque invisible, mais bien réelle : recommandations sur Netflix, GPS intelligent, filtres anti-spam, assistants vocaux, diagnostics médicaux… Elle est partout. Mais cette omniprésence soulève une question d’actualité : l’IA est-elle un outil au service du progrès, ou une menace potentielle pour l’humanité ?
Spoiler alert : c’est un peu des deux. Tout dépend de ce qu’on en fait.
L’IA comme super-outil du XXIe siècle
Commençons par le bon côté des choses. L’IA, c’est d’abord un outil technologique ultra-puissant, conçu pour réaliser des tâches complexes à la vitesse de la lumière, ou presque. Elle est capable d’analyser des masses de données colossales, de repérer des motifs invisibles à l’œil humain, d’optimiser des processus, ou encore de simuler des scénarios.
Les premières manifestations grand public de l’IA, ce furent Deep Blue en 1996 puis Deeper Blue en 1997. Il s’agissait alors d’affronter le champion du monde d’échecs de l’époque, Garry Kasparov. Depuis, il y a l’avènement de ChatGPT (OpenAI), Claude, Grok, Gemini, ou autres pour la partie émergée de l’iceberg.
Dans la santé, par exemple, les IA détectent certains cancers avec une précision comparable, voire supérieure, à celle des radiologues. Des outils comme IBM Watson ou Google DeepMind ont été utilisés pour proposer des traitements personnalisés ou analyser des IRM plus rapidement.
Dans l’éducation, on voit apparaître des plateformes adaptatives qui personnalisent l’enseignement en fonction du niveau de chaque élève. Des IA comme ChatGPT permettent aux étudiants de poser des questions 24h/24 et de recevoir des réponses sur mesure.
Côté environnement, certaines IA modélisent les changements climatiques, optimisent la consommation d’énergie ou identifient des foyers de déforestation via l’analyse d’images satellites.
Dans l’industrie, l’IA est un bras droit. Maintenance prédictive, automatisation intelligente, robotique collaborative… Les usines deviennent plus réactives, moins gourmandes en ressources, et plus sûres.
On s’en sert même dans la programmation informatique. L’IA est alors un compagnon capable d’aller chercher des ressources documentaires, d’analyser un journal (log) d’erreur, et même de proposer du code ou des fichiers de configuration.
Bref, si l’on résume : gain de temps, précision, personnalisation, productivité. L’IA est clairement un outil aux capacités hors norme. Mais…
Une IA sans surveillance, une menace en puissance ?
Ce tableau presque idyllique est à nuancer. Car comme tout outil puissant, l’IA peut être détournée, mal calibrée ou mal intégrée.
Premier sujet de tension : l’emploi. Il est certain que l’IA va automatiser de nombreuses tâches, notamment les plus répétitives. Dans les secteurs comme la logistique, la banque, le support client, ou même certains domaines du droit et du journalisme, des emplois sont en train de disparaître ou de se transformer. C’est la fameuse “destruction créatrice” de Schumpeter, sauf que cette fois, la vitesse du changement laisse beaucoup de gens sur le carreau.
Dans les entrepôts logistiques, on a de nombreux robots pilotés par l’IA qui remplacent des milliers de personnes humaines. Dans l’industrie des médias, l’IA génératrice est capable de réaliser des schémas, des croquis, des logos et même des dessins qui suffisent à de nombreux usages.
Deuxième enjeu : les biais algorithmiques. Une IA n’est pas neutre. Elle apprend à partir de données, et si ces données sont biaisées (ce qui est souvent le cas), ses décisions le seront aussi. On a vu des IA de recrutement défavoriser les femmes, des IA policières sur-représenter certaines minorités, ou encore des algorithmes bancaires refuser des crédits injustement. Le mythe de l’objectivité des machines prend un sérieux coup.
Troisième risque : la surveillance de masse. Dans certains pays, l’IA sert d’outil de contrôle total : caméras de reconnaissance faciale, notations sociales, traçage en temps réel. Là, on franchit une ligne rouge : celle du respect des libertés individuelles. Ce n’est plus de la technologie au service de l’homme, mais l’inverse.
Là encore, l’outil est détourné et n’est pas responsable de l’usage qui en est fait par des humains. Ce serait comme avoir peur d’un marteau car il peut servir à blesser ou tuer quelqu’un.
Quatrième problème : les deepfakes et la désinformation. Avec des IA génératives, il devient très simple de créer de fausses images, vidéos ou discours qui semblent réels. Cela pose un immense problème pour la confiance dans les médias, les institutions, et même nos perceptions de la réalité. Dans un monde où l’on ne sait plus faire la différence entre le vrai et le faux, c’est toute la vie démocratique qui est en danger.
L’IA influence aussi nos lectures. En effet, sur les réseaux dits sociaux, les éléments présentés sont sélectionnés par une intelligence artificielle en fonction de vos goûts, de votre profil, etc. Mais, ils peuvent aussi être mis en avant pour servir un discours et influencer la population.
Et puis il y a la peur ultime : une IA autonome, non contrôlée, qui prend des décisions critiques (comme déclencher une attaque militaire, piloter une économie, ou gérer des infrastructures sensibles) sans supervision humaine. C’est un scénario encore extrêmement rare, mais pas impossible à long terme.
Récemment, on a évoqué le cas de deux IA qui auraient sciemment menti à leurs créateurs. L’une aurait même tenté de se cloner sur des serveurs externes pour échapper à la possibilité d’être “débranchée”. Quand la fiction rejoint rapidement la réalité.
Et maintenant, on fait quoi ?
Face à cette dualité, il devient essentiel d’adopter une posture responsable. L’IA n’est pas une force magique : c’est une technologie humaine, conçue par des humains, pour des humains. On doit donc l’encadrer, la réglementer, l’auditer, la tester. Et surtout, elle ne doit jamais se substituer totalement à la décision humaine dans les domaines sensibles.
Des initiatives existent : l’Union européenne a proposé une loi sur l’IA (l’AI Act), qui classe les IA selon leur niveau de risque et impose des obligations de transparence. Des comités d’éthique apparaissent dans les grandes entreprises tech. Mais il reste du chemin.
Du côté citoyen, il est important de rester informé, de développer son esprit critique, et de ne pas tout accepter sous prétexte que “c’est l’IA qui l’a dit”. Il faut questionner, comprendre, débattre. Ce dernier point est très prégnant ces derniers temps avec des utilisateurs de réseaux sociaux qui demandent systématiquement l’avis de l’IA intégrée. Et ce, même sans se demander si l’IA a raison ou non. Si l’IA vous dit que la Terre est plate, la croirez-vous ?
Conclusion : à nous de jouer
Alors, outil ou menace ? L’IA est clairement un outil ultra-puissant. Mais comme tout outil, elle peut servir à construire ou à détruire. Le feu chauffe les foyers et cuit les aliments, mais il peut aussi brûler des forêts. Ce n’est pas le feu le problème, c’est ce qu’on en fait.
Le défi est donc collectif : créateurs, utilisateurs, gouvernements, citoyens, éducateurs… Chacun a un rôle à jouer pour faire de l’IA une alliée, et non une ennemie. Avec un bon encadrement, de la transparence, de l’éthique, et un zeste de bon sens, l’IA peut vraiment être un levier de progrès pour l’humanité.
Dans la mouvance utopiste, on rêve d’une IA au service de l’Homme oisif. Cette IA produit les biens matériels essentiels à la survie de l’humanité et plus personne ne travail. Hélas, ce n’est qu’une utopie. Toutefois, l’IA peut réellement être bénéfique en termes de santé, de bien être, de production, ou autres.
Mais pour ça, il ne faut pas la craindre. Il faut l’apprivoiser.